INNOVART, histoire d’un mariage des enseignements artistiques français et argentins

Les 18, 19 et 20 mai se posait la première pierre de l’ambitieux programme INNOVART, qui promeut la coopération et la mobilité entre les écoles d’enseignement supérieur artistique françaises et argentines. Plus de 200 représentants de 45 écoles et universités des deux pays se sont réunis à l’Alliance Française et au Ministère de l’Éducation de la République d’Argentine pour discuter et lancer un mouvement de coopération binationale novateur.

_DSC5774Le projet INNOVART s’inscrit dans la continuité des précédentes structures mises en place par l’Argentine en 2011 avec la nationalisation des programmes artistiques au travers de la Movilidad Académica de Grado en Artes (MAGA), poursuivie par le programme FORMARTE jusqu’en 2015.

Il s’agit de répondre a un double phénomène, fait remarquer Marina Larrea, coordinatrice du programme d’internationalisation de l’enseignement supérieur et de la coopération internationale (PIESCI). Le nombre croissant de partenariats entre universités argentines et françaises a conduit de plus en plus d’étudiants argentins à choisir la France comme destination universitaire. Par ailleurs, une coopération similaire permet depuis quelques années de faciliter les échanges entre formations d’ingénieurs en France et en Argentine, le programme Artitech, qui semble porter ses fruits. Sans vouloir imposer un modèle, comme le souligne Jean-François Gueganno, conseiller de coopération et action culturelle, il s’agit de poser les bases d’un échange bilatéral dans le domaine des formations artistiques.

Le programme INNOVART s’inscrit dans une longue chronologie de coopération franco-argentine : le Président Hollande avait en effet signé lors de sa visite en février en Argentine une Déclaration d’intention qui sert de pierre angulaire audit programme. Le texte reprend d’ailleurs deux articles du premier accord de coopération culturelle, scientifique et technique entre les deux pays, signé par Maurice Couve de Murville, Ministre des affaires étrangères de De Gaulle, en 1964 à Buenos Aires.

Les représentants de 16 Écoles d’enseignements artistiques françaises ont ainsi rencontré pendant 3 jours les directeurs de 30 Universités d’Arts argentines dans l’optique de mettre en place une coopération bilatérale. Celle-ci comprendrait notamment la promotion d’échanges étudiants et professoraux, la reconnaissance des titres universitaires ainsi que la création de double cursus et de partenariats de recherche. Les quelques 2 millions d’étudiants en formation artistique en Argentine pourraient ainsi faire part égale avec les 2,4 millions d’étudiants en Arts côté français.

InnvovARTSi le domaine de la culture représentait en France en 2015 2,3% du PIB et 44 milliards d’euros de valeur ajoutée, la pénétration des marchés étrangers constitue une réelle opportunité pour des professionnels de l’Art confrontés à un marché français atone. Aujourd’hui, 41% d’entre eux travaillent auprès d’une clientèle finale étrangère. La question des moyens, nerf de la guerre, n’a été pourtant que vaguement abordée. Elle sera semble-t-il discutée au niveau des Ministères respectifs, et l’on peut déjà remarquer le mécénat discret mais généreux de la Fundación OSDE.

À l’issue de ces trois jours de rencontres universitaires, les directeurs des écoles et universités présentes se sont quittés enthousiastes et déterminés à concrétiser ces accords bilatéraux au plus vite. Ils se sont d’ores et déjà accordés sur un match retour en France cet automne. Affaire à suivre donc.

 

Paul Hoffmann

 

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