Cette belle langue française se renforce en Argentine

Ce premier semestre 2016 a été fécond pour l’enseignement du français en Argentine. Trois accords ont été signés entre l’Institut Français et les provinces de Santa Fe (7 juin), de Entre Ríos (28 juin) et de Mendoza (12 juillet) visant à “promouvoir le plurilinguisme et la diffusion de la langue française, dans le cadre des politiques de renforcement du système éducatif argentin“. 

accord linguistique-mendozaLes objectifs communs à ces trois accords sont la formation spécifique des enseignants, la conception de matériel pédagogique et l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication.
Le français est bien plus implanté en Argentine qu’on ne le croit. C’est la seconde langue enseignée après l’anglais. En 2012. il y avait 100.000 apprenants) Rosario devrait bientôt recevoir le label France-Education. Le Congrès de la FAPF (Fédération Argentine de Professeurs de Français) qui réunit tous les deux ans près de 600 enseignants locaux, se tiendra à Mendoza en mai 2017. Il y a 53 Alliances Françaises présentes dans tout le pays..
Par ailleurs l’Argentine a présenté sa candidature à l’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie) en qualité de membre observateur

La formation des enseignants, un vrai défi

Le Trait d’Union a interrogé Emmanuel Bécquart, attaché de coopération universitaire de l’Institut français d’Argentine pour qu’il spécifie les détails des accords signés ces derniers mois. “Le grand enjeu est la formation des professeurs dans un pays aussi vaste et où celle-ci est compétence de chaque province” a-t-il souligné. Ces formations s’effectuent localement selon des cursus spécialisés de profesorados terciarios (professorats universitaires) qui durent quatre ans et se suivent dans les escuelas normales, les universités et les instituts d’éducation supérieure. La qualité de l’éducation est également suivie à travers une formation continue des enseignants. Pour ce faire l’Institut français d’Argentine accompagne les réseaux de professeurs de français dans tout le pays, réseaux dénommés Groupes régionaux de réflexion (Noa, Neuquén/Patagonie…) constitués par les Alliances françaises, les associations de professeurs de français et les instituts de formation des professeurs. Depuis 1999 existe un programme bilatéral d’échanges d’assistants. Ce mois de juillet une plateforme d’échange de pratiques professionnelles dénommée IFProf a vu le jour sur le net. Pilotée par l’Alliance Française, elle se compose d’animateurs formés localement par l’Alliance. Cette plateforme est un programme mondial de l’Institut Français, et l’Argentine l’un des premiers pays à l’appliquer. “Une initiative de bon augure , –précise Bruno Simonin, Délégué de l’Alliance Française Argentine- tout ceci montre le dynamisme de l’Institut Français et de l’Alliance en coopération linguistique pour fournir aux professeurs de français les meilleures conditions de travail”.

 

Entre Rios, un cas particulieraccord linguistique-entre-rios

L’accord avec Entre Rios a sa petite histoire. Cette province a été terre d’immigration de nombreux Savoyards. Son actuel gouverneur, Gustavo Bordet, descendant d’une de ces familles pionnières, avait appris le français à l’Alliance Française de Concordia, laquelle à une époque donnée dut fermer ses portes par manque de moyens. Bordet, devenu maire de sa ville, facilita la réouverture de l’Alliance et lui attribua une subvention pour permettre le paiement du loyer des locaux durant un laps de temps. Elu gouverneur, il prit soin à ce que la province prenne le relais et programme aujourd’hui le futur des cinq autres Alliance d’Entre Rios : Concepción del Uruguay – dont dépend Concordia – , Gualeguay, Gualeguaychú, Nogoyá et Paraná. Pour ce francophile, conscient de ses origines, le rapprochement avec l’Institut Français pour l’introduction de l’enseignement du français dans les établissements de sa province a été une démarche naturelle.

Petit historique et évolution

En 1993, sous la présidence de Carlos Menem, les provinces argentines devinrent totalement indépendantes en matière d’enseignement : programmes, contenus, et, naturellement, budget. L’enseignement du français disparut des écoles publiques. En 2006, la loi d’éducation 20.206, introduisit quelques limites à cette autonomie. Un cadre général des cursus fut imposé pour tout le pays et chaque entité provinciale dut dorénavant proposer et défendre les programmes et contenus auprès du ministère de l’éducation nationale. Un nouveau principe fit son apparition, le plurilinguisme. S’imposa alors l’obligation d’insérer une option “langues” au niveau des 3 dernières années du secondaire, comportant l’enseignement d’au moins une langue étrangère, sans, toutefois, préciser laquelle.

accord linguistique-santa-fe

 

Le processus d’internationalisation de l’enseignement supérieur s’affermit”, soutient Emmanuel Bécquart. “L’Institut Français est ouvert aux inquiétudes des ministères de l’éducation des diverses provinces du pays. L’objectif général est d’accompagner l’évolution de l’Argentine, en offrant les savoir-faire et créativité français”.

 

 

Suzanne Thiais

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