Remise de la Palme d’or ; clôture du 71ème Festival de Cannes

C’est avec une certaine tristesse et nostalgie, mais sous un soleil éclatant, que se termine aujourd’hui cet évènement formidable qui attire régulièrement plus de 40 000 personnes du monde entier, pendant 12 jours, dans cette élégante et sophistiquée ville balnéaire de Cannes.

Pendant 10 jours, 21 films de la Sélection Officielle ont été visionnés. Mais il y avait également les films de la “Quinzaine des Réalisateurs”, de la “Semaine de la Critique”, d’ “un Certain Regard”…..Une vingtaine de films chaque jour passaient dans les 7 salles réservées au Festival.

Aujourd’hui (samedi 19 mai) il était possible de revoir les 21 films tout au long de la journée, commençant à 8h30 pour se terminer vers 22h00 après la remise des prix avec le film hors compétition  “L’Homme qui Tua Don Quichotte”.

Une journée bien sûr exténuante: pour certain films “à ne pas manquer” il était possible de faire la queue pendant 2 heures sous un soleil de plomb…et se faire refouler….mais dans une ambiance festive et bon-enfant.

Cette année la sélection du jury était clairement politique. La plupart des films, que ce soit “Blackkklansman”, “Les filles du Soleil”, “Cold war”, “Leto”, “Le livre d’Images”, “En Guerre”, etc… ont tous la violence politique comme cadre. D’autres films traitent de la misère, de l’homosexualité, ou plus généralement du “mal de vivre”.

Lors de la remise des prix, l’actrice et réalisatrice Asia Argento rappelle avec force que c’est ici même qu’elle a été violée par Harvey Weinstein ; Cannes était son terrain de chasse. “Il ne sera plus jamais le bienvenu ici” a-t-elle asséné.

Ce 71ème Festival était le premier après le scandale Weinstein et le départ en flèche du mouvement “me-too”. La montée des marches par les 82 femmes, professionnelles du 7ème Art, avant la projection de “Les Filles du Soleil”, avait clairement présenté la volonté d’instaurer l’égalité des chances dans le domaine cinématographique.

Cette année le Prix du Jury a été remis à Nadine Labaki pour son film prenant et fort émouvant “Capharnaüm”. Zain, un jeune garçon de 12 ans dans les bidonvilles de Beyrouth assigne ses parents en justice pour lui avoir donné la vie mais aucune possibilité de bonheur dans cette misère atroce. Les acteurs ne sont pas professionnels, ils témoignent avec grande conviction de leur propre vie.

“Blackkklansman”, le film tant attendu de Spike Lee, a reçu le Grand Prix du festival de Cannes. Basé sur un livre de Ron Stallworth, il relate l’histoire vraie d’un détective noir qui, en 1978, réussit à s’infiltrer dans le KKK et devient le chef d’un de ses chapitres. Bien sûr Spike Lee s’inspire de l’histoire actuelle. Le film sera projeté le 10 Août aux US, un an après les émeutes de Charlottesville. Le réalisateur le dédie à ceux qui ont voté pour Donald Trump.

Finalement Cate Blanchett annonce la palme d’or pour “Une Affaire de Famille”, du japonais Hirokazu Kore-Eda. L’histoire d’une pseudo-adoption dans une famille reconstituée, pauvre mais heureuse grâce à l’amour qui unit ses membres.

Hirokazu Kore-Eda prend la parole: “Je ressens l’espoir peut-être que grâce au cinéma, les gens, les mondes, les pays qui s’affrontent peuvent se rejoindre”. Il partage son prix avec deux réalisateurs absents, le russe Kirill Serebrennikov et l’iranien Jafar Ponahi, tous deux interdits de voyager à l’étranger.

Beaucoup d’autre prix sont attribués:

– Prix Palme d’or Spécial attribué à Jean-Luc Gaudard (seul français à recevoir un prix) pour “Un Livre d’Image”

– Prix de la mise en scène pour “Cold War” du polonais Pavel Pavelawlikowski

– Prix d’interprétation masculine pour la prestation remarquable de Marcello Fonte dans “Dogman”

– Prix du meilleur scénario à “Lazzaro Felice” et “Trois Visages”’.

– Caméra d’or pour “Girl”.

Le festival de Cannes se termine par une célébration sur les marches avec Sting et Shaggy.

Ces douze jours d’explosion de jeunesse, de fêtes nocturnes, de robes du soir et smokings dès le matin, de  limousines, de discussions autour d’un film avec de parfaits inconnus, mais également les réunions de business dans le Marché, dans le village de toile et dans les hôtels, tout cela va disparaître jusqu’à l’année prochaine. Les Cannois vont respirer et reprendre le contrôle de leur ville.

Bianca McMaster

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