Élisabeth Crouzet-Pavan fait revivre la Venise du XVe siècle

Le vendredi 30 août, la bibliothèque de l’Alliance Française était à l’heure vénitienne.

Une cinquantaine de curieux étaient venus assister à la conférence « La Venise du XVe siècle, l’exemple de la vierge des Amadi », dirigée par l’historienne médiéviste, Élisabeth Crouzet-Pavan.

La bibliothèque était comble lorsque Elisabeth Crouzet-Pavan, historienne du moyen-âge tardif et de la première renaissance, commença son exposé. Dans le public, on trouvait un ensemble éclectique d’auditeurs, de l’élève de l’alliance, au jeune francophone en échange universitaire, en passant par des passionnés d’histoire, venus pour l’occasion écouter cette historienne reconnue.

Au fil du propos, l’Italie médiévale s’incarnait sous les paroles d’Elisabeth Crouzet-Pavan. Plus que de Venise en tant qu’unité au sein de royaumes fragmentés, il fut question de l’histoire urbaine et sociale de la cité et de ses jeux de pouvoirs. Une histoire politique, sociale mais aussi – et surtout – intimement liée à la religion. « A Venise, il faut comprendre que toutes ces questions sont transversales, elles s’entrelacent, se croisent et sont, bien sûr, instrumentalisées » explique Elisabeth Crouzet-Pavan, en prenant pour exemple la Vierge des Amadi. Alors que la ville fait l’objet d’oppositions récurrentes avec le duc de Ferrare et les Ottomans, Venise recherche des preuves témoignant de sa plénitude pour prouver aux vénitiens que la ville est aimée de Dieu.

Dans ce contexte, les Amadi, une riche famille vénitienne de citoyens bourgeois, font réaliser une icône de la Vierge à l’enfant en 1407 et la placent dans la rue. Rapidement, des miracles sont attribués à cette icône lui amenant une grande réputation et l’on décide alors de lui construire une église. La collecte des fonds n’est pas difficile, d’autant plus qu’à la même époque le Pape Sixte IV proclame officiellement le culte de la Vierge Marie. Le 25 février 1481, le Pape donne son autorisation pour la construction de cette église, et promet en plus de délivrer des indulgences à tous ceux qui auraient fait un don pour aider à la construction de la nouvelle église. Avec de tels atouts miraculeux, sacrés et financiers à la fois, l’Église de Santa Maria dei Miracoli peut être construite rapidement, dans un style byzantin raffiné. Les Amadi quant à eux, gagnèrent en influence et grimpèrent avec fulgurance l’échelle de la notabilité sociale, détournant la clause qui réservait aux nobles les tâches administratives. Elisabeth Crouzet-Pavan fit ainsi revivre les liens reliant religion, pouvoir et rénovation urbaine dans la Venise du XVe siècle.

Si la conférence fut de grande qualité, on regrettera la traduction consécutive qui fragmentait le propos et limitait l’oraison à un format très court, où les thématiques soulevées n’étaient pas toujours approfondies. Reste que le propos fut apprécié par un auditoire connaisseur de la période.

Louise Le Borgne

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