Les jurés ont tranché !

Les grands prix littéraires de l’automne 2022 ont été dévoilés…

Les récompenses étaient attendues avec impatience, la saison des prix étant un rendez-vous incontournable pour les lecteurs et un levier considérable pour les maisons d’édition – ceux-ci représentent un quart du chiffre d’affaires annuel des librairies-. Pas facile de faire un choix, voici une sélection à ne pas manquer, portée par des auteurs reconnus ou des primo-romanciers dont les éditeurs ont le secret, notons l’apparition de maisons d’édition rarement récompensées.

Lecteur, la fin de l’année approche, aucune excuse pour ne pas se faire plaisir !

Le Prix Goncourt a été décerné à Brigitte Giraud pour Vivre vite (Flammarion). Treizième femme à obtenir la prestigieuse récompense, l’auteure, déjà lauréate du « Goncourt de la nouvelle » pour L’amour est très surestimé (2007) pose dans ce nouveau roman la question du destin, « destin fruit du hasard, et si ? … ». Écrivaine reconnue, ses livres sont traduits et vendus dans une vingtaine de pays.

Si le jury du Goncourt a écarté le roman de Giuliano Da Empoli, Le mage du Kremlin (Gallimard), l’Académie française a récompensé cette œuvre très actuelle qui a d’ailleurs connu un grand succès dès sa sortie en librairie. Le journaliste, Giuliano Da Empoli, italo-suisse, né en France, a publié une dizaine d’essais ; ce fin connaisseur des coulisses russes se lance dans la fiction pour la première fois afin de traduire « l’irrationalité [au cœur du pouvoir russe] que seule la littérature pouvait transcrire ».

Le prix Renaudot a été attribué à Simon Liberati pour Performance (Grasset). Le roman retrace les tout débuts des Rolling Stones, les démons : sexe, drogue et Pop culture. Treizième roman de l’ancien journaliste, prix de Flore (2009) et prix Femina (2011), c’est tout un monde qui renaît, celui des seventies décadentes

Le jury exclusivement féminin a couronné du prix Femina, Claudie Hunzinger pour Un chien à ma table (Grasset). Cette fiction remplie de vitalité et d’espoir était le roman le plus sélectionné des prix d’automne. C’est le deuxième Grand Prix pour cette femme de lettres déjà honorée du prix Décembre pour Les Grands cerfs, (2009), huitième prix Femina pour la maison Grasset depuis 1925

La Lauréate du prix Médicis est Emmanuelle Bayamak-Tam pour son roman La Treizième heure (POL), c’est l’histoire d’une adolescente, Farah, fille de Lenny, le fondateur de « l’Église de la Treizième heure » une communauté millénariste qui célèbre des messes poétiques et organise des ateliers de déparasitage psychique.

Le prix Interallié a désigné Philippe Humm pour Roman fleuve (Équateurs), c’est la deuxième année consécutive que l’Interallié sacre un jeune écrivain. Reporter chez Paris-Match, Philippe Humm, âgé de 31 ans, nous livre le récit d’un périple, celui de trois jeunes gens qui décident de remonter la Seine en canoë – une mise à l’honneur des paysages français- !

Lola Lafon a remporté le Prix Décembre pour Quand tu écouteras cette chanson (Stock). Pour ce roman, l’auteure a passé seule une nuit dans la maison d’Anne Frank. Si Le Journal d’Anne Frank est un best-seller mondial, elle défend le livre qui constitue une véritable œuvre d’écrivain car écrire est un geste d’espoir obstiné, la preuve d’une espérance insensée, elle ajoute : Je crois encore à la bonté de l’homme.

Le prix Jean Giono récompense le « meilleur raconteur d’histoires » comme l’était l’écrivain, il a été décerné à Sandrine Collette pour On était des loups (Lattes). Liam a choisi de vivre dans un monde de montagnes et de forêts, une vie en marge de la société.  Il sait que ce monde n’est pas fait pour un enfant, il sait également qu’il n’est pas père et n’a pas envie de l’être mais…

Le livre de Monica Sabolo, La vie clandestine (Gallimard) reçoit le prix du Roman News. Un article du Trait d’Union (L’auras-tu, l’auras-tu pas du 20 septembre dernier) a évoqué ce livre sur le groupe terroriste d’extrême gauche, Action Directe. Une saisissante exploration sur la complexité des êtres et sur la question de la violence dans un roman puissant servi par un style rigoureux.

Enfin, Anthony Passeron est le lauréat du Prix Première plume, Les enfants endormis (Grasset).

Sarah Jollien-Fardel a reçu le prix Fnac pour Sa Préférée (éditions Sabine Wespieser). La rédactrice en chef du magazine « Aimer lire » signe un roman puissant, un huit clos où s’entremêlent violence, colère et survie ; cette empreinte indélébile érode la possibilité de bonheur lorsqu’on a été le témoin impuissant des violences paternelles contre mère et sœur aînée, dans une communauté villageoise où il semble que l’omerta soit de rigueur : Je suis née en colère, je ne peux pas faire autrement.

Attaquer la terre et le soleil (Le Tripode), suite de la série commencée avec C’était notre terre (2008 Albin Michel). Mathieu Belezi a remporté le dixième prix Le Monde. Ce roman évoque les violents débuts de la colonisation de l’Algérie.

Non primés cette année 2022 mais cette liste serait incomplète si on ne citait pas le remarquable roman d’anticipation de Laurent Gaudé, Chien 51 (Actes Sud), celui d’Emmanuel Carrère, V13 (POL), l’excellent Livre des sœurs d’Amélie Nothomb (Albin Michel), Le Dessous des roses d’Olivier Adam (Flammarion), Cher Connard (Grasset) de Virginie Despentes et Les Vertueux de Yasmina Khadra (éditions Miallet-Barrault). Quelques pépites encore, le livre de Valentine Gogy, L’île haute (Actes Sud) pour retrouver le paradis d’enfance que l’on a toujours en tête ; Stardust de Leonora Miano (Grasset) récit autobiographique remanié écrit à la troisième personne, rédigé il y a vingt ans, enfin Le commerce des allongés d’Alain Mabanckou (Seuil) une fable sur le monde des morts et une satire sur le monde des vivants de l’écrivain congolais.

Bonne lecture !

Élisabeth Devriendt

 


 

 

 

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