L’homme des trois continents

C’est avec une extrême amabilité que le nouveau délégué général de l’Alliance française, Pascal Casanova, reçoit le Trait-d’Union dans ses bureaux de l’avenue Córdoba.

Dynamique, affable et disert, ce jeune perpignanais, à l’accent méridional fort sympathique, a fait un tour d’horizon de ses différents postes aux quatre coins du monde avant d’atterrir sous nos latitudes. 

Notre interviewé décrit son parcours aussi varié qu’original, en particulier si on l’analyse sous l’angle géographique. Ses postes l’ont mené du Honduras à la Chine, de Macao au Mexique en passant par le Kazakhstan et nombre d’autres destinations encore. On décerne toutefois une constante dans ce parcours géographique en zig zag : son appartenance à l’Alliance Française. C’est en effet principalement au sein de l’institution que s’est déroulée une grande partie de sa carrière et il en porte avec naturel et attachement la « camiseta », comme le diraient nos amis argentins. Titulaire de deux maîtrises de langue étrangère appliquée et de FLE, avec spécialisation en affaires, relations et commerce internationaux, Pascal Casanova domine, ce qui n’est pas courant, plusieurs langues –espagnol, russe, anglais, mandarin et catalan.    

Homme de l’Alliance Française, il idéalise l’institution comme investie d’un rôle de diffusion, de développement, de dialogue, d’échanges culturels avec une soif d’ouverture vers des mondes, des sociétés différentes. Il en sait quelque chose lui qui a tour à tour travaillé au sein d’Alliances à Saint-Domingue dans les Caraïbes, à Pékin, et à Wuhan même, dans la ville où a fait son apparition la « peste noire du monde actuel » appelée Covid. Directeur de l’alliance de Barranquilla en Colombie, il a été à l’origine de la création d’une nouvelle Alliance Française, à 300 km de là, à Valledupar, dans la province voisine ; directeur également, de l’autre côté de la planète, de l’Alliance de Macao, la mythique ville du sud-est asiatique, et enfin de celle de San Luis de Potosi au Mexique, avant son arrivée à Buenos Aires. Toutes ses destinations, bien sûr, entrecoupées de réguliers séjours de travail en France, l’ont façonné et internationalisé. Son dernier retour en sol européen, ne s’est curieusement pas produit en France, mais à Barcelone où il pensait réaliser son rêve, s’installer pour un temps dans la capitale catalane. Mais à peine arrivé dans la ville de Gaudy, l’apparition du covid fit avorter ses espoirs, et, c’est dans des conditions de confinement que se déroula son séjour barcelonais.  

Grâce à l’Alliance, Pascal s’est conforté dans sa conviction du rôle important de l’institution comme vecteur de rapprochement de pays, gardant encore aujourd’hui l’empreinte du français, de la culture française…C’est le cas de la Russie, par exemple, où grâce à l’existence des Alliances Françaises, l’amitié franco-russe ne s’est pas altérée, les liens sont conservés, la tradition littéraire française persiste. Beaucoup de Russes sont toujours aujourd’hui francophones et francophiles. En évoquant la Russie, Pascal, dont la femme est russe, glisse, cette observation, peu perceptible pour les porteños en général : une amorce de diaspora serait en train de se produire avec l’arrivée en sol argentin et ailleurs probablement d’un certain nombre de citoyens russes, qui, en désaccord avec le gouvernement de leur pays, se sentent pris en otages et préfèrent émigrer. 

Une autre évocation intéressante de Pascal est sa perception des Chinois : des gens ouverts, avides de connaissances et intéressés par la culture française, ne considérant pas, bien au contraire, les étrangers comme des ennemis.  

Arrivé depuis 3 mois, le délégué se trouve en pleine planification des activités prévues pour 2023 dans un travail en étroite coopération avec l’Institut et l’ambassade et a dévoilé au Trait-d’Union les quelques moments forts retenus au programme.  

Le tout premier, en étroit rapport avec l’Alliance, est le Congrès international de la fondation Alliance Française à Paris les jeudi 20 et vendredi 21 juillet, et l’organisation d’un colloque en mode mixte présentiel et à distance, pour fêter les 140 ans de l’Institution, siégeant au boulevard Raspail et qui compte aujourd’hui 834 Alliances de par le monde.         

Logo des 130 ans de Buenos Aires

Quant à l’Alliance Française de Buenos Aires, elle fêtera, elle, en 2023, 130 ans. Pour marquer cet important anniversaire, l’institution travaille sur l’organisation des journées du réseau, qui se tiendront les jeudi 15 et vendredi 16 juin. De nombreuses Alliances de province fêteront également des anniversaires terminés en dizaines. 

Logo des 20 ans d’Ushuaia

L’Alliance Française d’Ushuaia, qui va fêter ses 20 ans, espère quant à elle terminer la construction de son nouveau siège, mais il faut encore trouver dans la foulée, les fonds manquants : quelques 200.000 euros.   

Quant à Córdoba, c’est le centre Franco-Allemand, en projet depuis quelque temps déjà, qui devrait voir le jour. Sa création concorderait avec les 60 ans du traité de l’Elysée, « le célèbre traité de l’amitié franco-allemande », signé entre les deux chefs d’État de l’époque, De Gaulle et Adenauer. Les fonds sont débloqués du côté français tandis que du côté allemand les derniers écueils administratifs sembleraient être enfin surmontés. Le futur centre abritera sous un même toit l’Alliance Française et l’Institut Goethe. 

Pour ce qui est de l’objectif prioritaire de l’Alliance, qui est bien évidemment  l’enseignement de la langue et de la culture françaises, l’institution reprend peu à peu son rythme d’avant la crise sanitaire. Entre autres, en reprenant ses cours « en présentiel », et en gardant, cependant, un pourcentage de cours à distance, bien pratiques il faut le reconnaître dans plus d’une situation. Dans un autre domaine, le groupe des cinq centres Alliances “porteñas” vient, à la dernière session, d’enregistrer un très encourageant résultat quant au nombre total d’inscrits aux examens du DELF/DALF avec plus de 1000 inscriptions supplémentaires par rapport à l’année dernière 

Plusieurs dossiers sont à l’agenda du nouveau directeur tels que, parmi d’autres, la formation des enseignants, l’aide pédagogique aux 60 collèges argentins affiliés, et le tout nouveau projet de « Diplomatie sportive ». Une initiative innovante consistant, à l’occasion du futur mondial de Rugby en France l’année prochaine, de proposer un programme d’enseignement du Français à l’équipe nationale argentine « Les Pumas » mais aussi à des équipes juniors d’établissements scolaires : le « Newman », par exemple serait le premier collège à s’être intéressé à cette proposition, d’autres devraient suivre. 

Pascal Casanova a aussi rapidement évoqué les moments culturels forts programmes pour 2023, entre l’ambassade, l’institut Français et l’Alliance : des visites de grands artistes comme le pianiste Maxime Zecchini, auteur d’une anthologie d’œuvres pour la main gauche, de Zas, la chanteuse française bien aimée des Argentins… Des journées spéciales ou anniversaires, toujours attendues, la Journée mondiale de la francophonie avec la visite d’un ensemble musical suisse, la Nuit des idées qui, cette année, aura lieu dans tout l’hémisphère sud les 30 et 31 mars et aura comme thème un énigmatique « + ? » et nombre d’autres projets qui seront dévoilés au long de l’année.     

Bienvenue Pascal, bon travail et bonne chance !

Propos recueillis par Elisabeth Devriendt et Marie-Françoise Mounier-Arana

 

Liste des Alliances et de leur anniversaire en 2023

Plusieurs Alliances Françaises en Argentine fêtent, l’année prochaine, un anniversaire se terminant par une dizaine :

L’Alliance de Buenos Aires fête ses 130 ans ! A noter, ce sont à peine dix ans de moins que l’institution mère

Alliance de Bahía Blanca : 110 ans

Alliance de Tucumán : 100 ans

Alliance de Salta : 100 ans

Alliance de San Juan : 90 ans

Alliance de Posadas : 70 ans

Alliance de Venado Tuerto : 70 ans

Alliance de Bella Vista : 30 ans

Alliance de Tierra del Fuego/Ushuaia : 20 ans

 


 

 

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