Vibrer à la Bombonera : mode d’emploi

Le mythique stade de la Bombonera fascine les aficionados du football et effectivement cette antre où plane encore l’âme de Diego Maradona procure des sensations singulières. Cependant, assister à ce spectacle lorsque l’on est un touriste reste un réel défi.

L’enceinte aux couleurs jaunes et bleues située dans le quartier de la Boca se dresse tel un temple sacré face au reste de la ville. Sa visite est malheureusement réservée à une poignée de chanceux et ne pouvant contenir que 54 000 spectateurs elle laisse par conséquent de nombreux impatients regarder Boca Juniors évoluer sur le petit écran. Il faut effectuer une candidature afin d’obtenir l’abonnement permettant d’assister aux matchs et l’attente de validation peut durer des années. Il existe d’autres moyens, entre autres, l’achat de billets disponibles à la revente. Un cas illustre ce procédé : un étudiant français séduit par la vie argentine s’est installé dans la capitale, a noué des relations amicales et commerciales avec un habitant de la Boca. Ce dernier pouvant récupérer les « pass » des abonnés n’assistant pas aux matchs s’est ainsi associé avec le français. Il fait office d’intermédiaire entre les étrangers désireux d’acquérir un billet et les locaux ayant connaissance de personnes pouvant leur procurer les entrées. Cela a un prix, l’européen est un portefeuille épais dont les portenos ont conscience et la place se vendant aux alentours de 5000 pesos argentins peut voir son prix multiplié par quatre, cinq ou six.

Aller voir un match de football aux Parcs des Princes, au Vélodrome ou encore au Stade de France est une tâche aisée. Dirigé par des panneaux et des agents de sécurité, le supporter arrive rapidement à son siège au cœur d’une structure accueillant, par exemple, plus de 65 000 spectateurs pour le Vélodrome. À Buenos Aires, c’est une petite odyssée qu’il faut accomplir pour rejoindre la Bombonera. Après avoir récupéré des tickets d’entrée que l’on tarde à tenir dans nos mains, sous la surveillance d’un gardien à l’œil au beurre noir nous avançons dans les rues en proie à l’euphorie collective. Ses conseils rappellent au visiteur qu’il n’est pas dans une timide bourgade gauloise : ne pas rester seul, ne pas faire confiance aux policiers qui sont parfois des ravisseurs bien déguisés. Rejoindre la porte de la tribune est également un challenge, aucune information n’est donnée, des officiers nous indiquent par deux fois un chemin menant au mauvais endroit. Après moult péripéties, les yeux peuvent se régaler d’images qu’ils n’oublieront pas. Un mur humain dans des tribunes presque verticales se soulève à chaque action dangereuse. Le douzième homme se fait entendre par ses chants, ses cris cherchant à provoquer une certaine torpeur chez l’adversaire. La passion argentine, ainsi démontrée, dépasse la ferveur des virages les plus animés en France. La fin du match est heureuse, elle approche, Platense va être défait par 3 buts à 1 et c’est une valse qui s’entame, chaque spectateur se balance de gauche à droite créant une nouvelle fois une vague dans la Bombonera. En réalité, si il y a bien un élément qui différencie ce stade des autres, c’est qu’il n’est nul besoin de regarder le terrain et les joueurs pour adhérer à la liesse générale.

 

Thomas Bernardon

 


 

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