France – Argentine : brise de vacances et air de ressemblance

Une vie de stagiaire dans la capitale c’est un quotidien immersif dans l’existence en tant que citadin. Effectivement un lot d’avantages nous est offert mais avec ce dernier viennent également toutes une série d’envies.

L’une d’entre elles, bien naturellement, est la recherche de la nature, d’un contraste pour s’affranchir de l’urbain qui peut étouffer et également l’aspiration à une parenthèse maritime. J’ai donc une fois de plus paqueté mon sac de voyageur et pris mon quart d’explorateur.

Depuis la gare routière de Retiro, on peine à imaginer un dépaysement. Le ballet incessant des bus, Villa 31 dans le champ de vision et les pleurs des enfants exténués par la chaleur humide. Dans notre carrosse climatisé nous avalons les cinq heures de route avec une facilité déconcertante bien installés dans nos sièges « semi-cama ». Mar Del Plata se plante dans un décor sec, plat et dénudé que l’on observe en gagnant les portes de la métropole. Bien que cette époque lors de mon arrivée soit révolue, d’ordinaire, l’héliotropisme estival fait littéralement gonfler la population passant de presque 600 000 à plus d’1,5 millions de personnes. Mar Del Plata est la seconde ville la plus touristique du pays et de surcroît incarne le repos très attendu sous un parasol au bord d’une plage de sable. L’aéroport au nord, une ligne ferroviaire directe depuis Buenos Aires et un réseau routier effi-cace expliquent les vagues humaines abondant sur les côtes marplatense.
Néanmoins la municipalité a dû remodeler les contours de son bijou côtier pour accueillir les nouveaux venus. Des petits pavil-lons blancs, des résidences cossues aux jardins proprement tenus, la ville s’est verticalisée à l’aube des années 60. La densité avoisine désormais les 7400 habitants au km2. Les tours sont venues co-loniser le bord de mer sur 47km, la ville s’est étirée pour faire profiter à tous de la vue sur l’horizon et d’un petit coin de sable où se prélasser. Le patrimoine architectural, culturel ou encore historique n’est pas au premier plan lorsque l’on déambule dans les rues. C’est à un autre emploi que se dévoue Mar Del Plata, le divertissement et la détente : transat, casino, boutiques autour de la place de la Cathédrale de Mar Del Plata, salles d’arcade, spectacles nocturnes. Des taxis arpentent la cité de long en large pour amener les familles vers des restaurants tous plus inventifs les uns que les autres pour attirer le vacancier. La Torre Tanque, le centre Victoria Ocampo, le port et ses curieux compa-gnons : des lions de mer par dizaines s’octroyant une sieste face aux voiliers et navires marchands. La métropole regorge de légèretés et plaisirs sensoriels à expérimenter.

Après m’être laissé surprendre par l’enivrante ambiance locale j’ai commencé à comparer, à essayer de retrouver dans mes souvenirs ces « déjà-vu ». Impression qui se confirme lorsque l’on flâne sur la Rambla Casino, effectivement c’est la perle du sud-ouest : Biarritz qui aurait influencé l’architecte Alejandro Bustillo. Les similitudes ne se sont pas estompées en quittant la promenade. Des tentes de plages, tissus rayés se dressent face à l’océan et une image me revient : Saint-Jean de Luz, la façade atlantique française n’est pas seulement habillée dans sa partie méridionale de ces cabanes, la Bretagne ou encore la Normandie à Blonville-sur-Mer arborent des tentes bleues et blanches. Le surf est lui aussi omniprésent, avec tout l’univers qu’on lui prête : jeunes en combinaisons néoprènes au large, planches apparentes dans les vitrines commerçantes, Rip Curl, Vans, Billabong, Hurley, QuickSilver, ces marques qui font briller les yeux des enfants fascinés par les affiches de surfer. Un skatepark trône, proche de la jetée, et quand la nuit tombe, que les milliers de lumières donnent une nouvelle teinte à la métropole, les skaters fendent les airs, acrobates sans craintes. On ne peut abor-der ces attributs sans également se rappeler des multiples skatepark qui jonchent les Landes fran-çaises. En réalité, les points communs s’accumulent, mais la focale est posée sur un phénomène uni-versellement similaire : les vacances au bord de la mer. Ma quête de similarité aurait, dans tous les cas, été une réussite. Cet angle ne doit pas masquer les particularités de Mar Del Plata qui à mon sens n’a pas à rougir, alliant avec élégance un front de mer bétonné mais lumineux, des plages aux scénarios loufoques, aux escaliers naturels en pierre surmontés d’une pelouse tondue. L’identité sud-américaine est indéniable lorsque l’on prend du recul sur la côte marplatense.

Le verdict n’est pas mien, la plume de Marcel Proust nous permet de réfléchir à ce sujet d’une bien meilleure manière : « Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages mais à avoir de nouveaux yeux ».

Thomas Bernardon

 

 

 

 

 

 

 


 

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