Retour sur plus de 2000 ans d’Olympisme
|Deuxième partie : les Olympiades de la République française
Dans quelques jours, Paris s’apprête à accueillir la 33ème édition des “Jeux Olympiques 2024”…
Les Olympiades de la République : le banc d’essai des Jeux Olympiques
Les premiers Jeux olympiques de 1896 impulsés par le français Pierre de Coubertin, ne sont en réalité pas la première compétition sportive inspirée des jeux antiques. 100 ans auparavant avaient lieu les Olympiades de la République. Si l’on pensait les Jeux Olympiques modernes d’inspiration française, ils le sont finalement plus qu’on ne le croit.
A la fin du XVIIIe siècle, la culture antique que la société découvre grâce aux idées du siècle des lumières est à la mode et influence grandement les arts comme les esprits. On s’inspire de la vertu romaine, on relit les pensées des philosophes grecs, on s’imprègne de l’exemple des anciens…Tous ces grands principes politiques et moraux apparaissent et sont nourris par la découverte et l’exhumation de ruines antiques, en Italie comme en Grèce. Les révolutionnaires français ne peuvent alors que s’emparer de ces symboles pour encourager la naissance de l’homme moderne, citoyen et non plus sujet, chargé de régénérer la patrie. La Révolution, qui raffole des fêtes, trouve dans l’évocation des jeux anciens l’occasion d’unifier le peuple autour de valeurs communes. C’est au député montagnard Gilbert Romme que l’on doit ce curieux projet de rétablir une olympiade, pour célébrer les quatre premières années de la nouvelle République.
Ainsi, le 22 septembre 1796, une foule compacte et enthousiaste de près de 300 000 parisiens se presse sur le Champ-de-Mars aménagé en cette occasion pour observer les athlètes français et commémorer les jeux antiques. La compétition n’est toutefois pas encore internationalisée : la France étant encore en guerre avec nombre de monarchies voisines.
Près de l’Ecole militaire, on improvise des piquets et des cordons tricolores pour les courses à pied ainsi qu’un stade dédié aux courses de chars. Vers la Seine, une vaste arène pour la lutte et un bassin pour les joutes. Entre les deux zones, on dresse des portiques composés d’élégantes arcades. Les compétiteurs s’avancent au son des trompettes, vêtus de blanc, avec des ceintures rouges ou bleues. Pendant les épreuves, un orchestre exécute des airs guerriers et salue les victoires successives. Les vainqueurs sont portés en triomphe vers l’autel de la patrie, -qui sera détruit sous le Premier Empire-, ils y gagnent des prix d’excellence, composés des plus beaux objets de la manufacture française de l’époque : vase, fontaine, sucrière en argent, mais aussi double fusil, montre à répétition en diamants, paire de pistolets etc. Les festivités sont accompagnées, comme il se doit, par de grands banquets servis sous des tentes sur les bas-côtés, avec de nombreux toasts portés à la jeune République.
Ces olympiades, qui durent deux ou trois jours, se déroulent trois années de suite, en septembre 1796, 1797 et 1798, et voient pour la première fois l’utilisation du chronométrage et du système métrique, tout juste adopté. Devant le succès des festivités, un lecteur de la gazette Le Moniteur, dénommé Esprit-Paul De Laffont-Poulotti, appelle à la création de véritables Jeux Olympiques, rassemblant cette fois des sportifs de toute l’Europe. Cependant, la Révolution s’enlise, l’Empire s’affirme et les guerres de conquête reprennent
L’ère n’est plus aux festivités internationales ni à la fraternisation des peuples.
Il faudra attendre 100 ans pour que Pierre de Coubertin exauce le souhait de Laffont-Poulotti dont la mémoire sera honorée, en 1926, par le CIO, Comité International Olympique.
Clément Corbineau