Prix Nobel de littérature 2024

Le prix Nobel de littérature 2024 a été décerné à l’écrivaine de la Corée du sud, Hang Kang.

L’autrice sud-coréenne d’Impossibles adieux (Grasset, prix Médicis étranger 2023), reçoit le Prix Nobel de littérature, les derniers Nobel ayant été attribués à des auteurs européens (le Norvégien Jon Fosse en 2023, la Française Annie Ernaux en 2022).

Hang Kang est née le 27 novembre 1970 à Gwangju, dans le sud du pays, elle est arrivée à neuf ans à Séoul. Son père, Han Sung-won, était lui-même écrivain et son frère, Han Dong-rim, écrit également. Tous deux ont été encouragés à développer leur goût pour les arts et la musique, outre les lettres.

Un prix qu’elle reçoit « pour sa prose intense et poétique, affrontant les traumatismes historiques et donnant à voir la fragilité de la vie humaine », selon Anders Olsson, président du comité du Nobel.

« Elle cultive une exceptionnelle conscience des liens unissant l’âme et le corps, la vie et la mort. Son style poétique expérimental s’est imposé comme une innovation dans la prose contemporaine », souligne encore le président du comité du Nobel à propos de Han Kang.

Ce prix distingue une langue poignante

Dès son entrée en littérature, Han Kang a fait entendre la singularité de cette voix, dans le paysage sud-coréen tout d’abord, en publiant un recueil de nouvelles en 1995 (Un amour de Yeosu), puis de manière internationale, lorsqu’elle s’est imposée à 45 ans, avec La Végétarienne en 2007 (Le Serpent à plumes), un roman qui fit l’objet de traductions, dont l’anglaise en 2016 lui permit de remporter le Booker Prize, récompense britannique extrêmement prestigieuse. Dans ce dixième livre, elle contait, entre réalisme et onirisme, l’histoire d’une femme attirée de manière irrépressible par le mode de vie végétarien, qui retire les aliments d’origine animale de son frigidaire la nuit et refuse de faire l’amour avec son mari, sous prétexte qu’il sent la viande. Une lente dérive vers le refus total de s’alimenter, une faim d’absolu, qui la conduira à l’hôpital psychiatrique, où elle est traitée pour anorexie, à moins que tout cela n’ait été qu’un rêve.

Dans Impossibles adieux, récompensé en France par le Médicis étranger, l’écrivain revenait sur le massacre de Jeju advenu en 1948 (30 000 civils massacrés parce que communistes), à travers le récit de trois femmes, dans une langue tragique qui sert un réquisitoire contre l’oubli, où l’imaginaire occupe malgré tout une place, comme une échappatoire à l’horreur de l’histoire.

Son œuvre témoigne des drames que la Corée du Sud a traversé mais qui parvient à se rendre accessible au monde entier, portant l’universalité de la souffrance et du désir de vivre.  L’auteure a su conquérir le public par son don pour des fictions délicates, sur des sujets souvent tragiques.

Parmi les autres romans traduits en français, on peut souligner Pars, le vent se lève (Decrescenzo, 2014), Celui qui revient (2016, disponible en poche, Points), Leçons de grec (Le Serpent à plumes, 2017).

Elisabeth Devriendt


 

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