Le hors-jeu de Domenech

Après avoir miraculeusement emmené les Bleus en finale de la Coupe du monde il y a deux ans, voilà que ses protégés se retrouvent éliminés dès le premier tour de l’Euro 2008. Décevant ! Certes, dans une poule surnommée “groupe de la mort” composée de jeunes Hollandais talentueux, d’une Squadra azzura “4 étoiles” (en référence aux nombre de Coupes du monde remportées) et de Roumains sortis premiers de leur groupe de qualification, atteindre les quarts de finale n’était pas acquis. Mais de là à terminer derniers avec un petit point, Thuram et Makélélé auraient pu rêver mieux comme fin de carrière internationale.France team coach Domenech waves during a training session in Roudourou Stadium in Guingamp

Au coup de sifflet final du dernier match cédé 2-0 à des Italiens plus réalistes, le sélectionneur français est encore sous le choc. Inanimé pendant 90 minutes, il faut au quinquagénaire frisé un temps d’hésitation pour répondre au journaliste de télévision qui l’interroge : “Et maintenant, de quoi sera fait votre avenir ?” Domenech sourit : “Je n’ai qu’un seul projet. Celui d’épouser Estelle (sa compagne). C’est aujourd’hui que je lui demande vraiment. Je sais que c’est difficile mais c’est dans ces moments-là qu’on a besoin de tout le monde et moi j’ai besoin d’elle.” Dans le jargon footbalistique, on appelle ça : le contre-pied parfait.

En manque cruel d’arguments – son “je n’ai pas assez insisté sur l’idée que cet Euro était un galop d’essai pour le Mondial 2010” n’aura convaincu personne – le coach frôle le pathétique. Une scène digne d’un épisode de télé-réalité, avec comme candidat un entraîneur français une fois de plus en mal de communication. Pourtant à l’aise devant les caméras, il semblerait que Domenech se soit laissé avec le temps enfermer dans un personnage qu’il s’est lui-même constitué, provocateur, destiné à attirer l’attention de manière à délester ses joueurs de toute pression. Alors l’homme féru de théâtre joue la provocation. Un comportement qui lui a surtout valu plusieurs accrochages par médias interposés, dont le plus virulent l’opposa à plusieurs joueurs italiens pendant les éliminatoires de l’Euro 08. Et la sélection française dans tout ça? “Bunkerisée“, coupée du monde et de ses supporters par des entraînements à huis-clos et un dispositif de sécurité renforcé, elle en a fini par oublier ses fondamentaux : le terrain et les choix tactiques. Parlez aux Argentins de la non-sélection de Trézéguet – qui s´est vu préféré l’inexpérimenté attaquant de Saint-Etienne Bafé Gomis – et vous les rendrez fous. Passons ! Car si les Français s’étaient retrouvés en quart de finale contre l’Espagne, vainqueur de la compétition, tout le monde aurait du s’excuser et reconnaître que Domenech avait raison. Et c’est bien sur ce terrain que doit se faire le jeu médiatique, se constituer le débat, et non autour de la question de savoir si l’animatrice d’M6 Estelle Denis dira “oui” ou “non”. Quoi qu’il en soit, la Fédération française se prononcera le 3 juillet sur l’avenir du sélectionneur de l’équipe de France. En attendant, souhaitons à Raymond Domenech que l’autre réponse soit positive… pour qu’il n’ait pas tout perdu.

Alexandre Vau

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