Los Corroboradores de Luis Bernárdez

Ou “Il ne m’est Buenos Aires que de Paris…”  Le Jeudi 16 août, l’Alliance française de Buenos Aires, projetait le film “Los Corroboradores”, en présence de Luis Bernárdez, son metteur en scène.

Le Jeudi 16 août, l’Alliance française de Buenos Aires, projetait le film “Los Corroboradores”, en présence de Luis Bernárdez, son metteur en scène. Cette première réalisation a obtenu les prix du meilleur script et du meilleur montage lors du 32ème festival international de ciné de Mar del Plata.

Voici un film qui n’aurait certes pas déplu à Humberto Eco. Rappelons-nous, « Le pendule de Foucauld, Numéro zéro”, avec ces complots s’emmêlant à l’histoire officielle, censés cacher une réalité beaucoup plus tortueuse, inquiétante, mais aussi fascinante. Ils sont dépourvus de conclusion finale car, toujours, existe la possibilité d’un mystère non-résolu, d’une éventuelle suite à venir…La plupart du temps, ils sortent de l’imagination de l’homme, toujours propice à inventer des secrets envoûtants bien plus palpitants que ce qui est écrit dans les livres d’histoire.

« Los Corroboradores » narre l’histoire d’une journaliste parisienne, Suzanne, qui enquête sur une société secrète argentine dont le but apparent était de copier des édifices architecturaux faisant la célébrité du Paris haussmannien de la fin du XIXème siècle pour les édifier dans la capitale argentine. Amenée à se rendre à Buenos Aires, pour sa propre perte, elle est censée rencontrer un mystérieux informateur lors d’un tardif et nocturne rendez-vous lequel, bien entendu, n’aura pas lieu.

Commence alors un fascinant jeu de piste où se mêlent société secrète, gens des hautes sphères de la société possédante argentine, le célèbre « Jockey club » de Buenos Aires et sa bibliothèque pourvue de son inévitable porte secrète menant à des lieux plus secrets encore, et où étaient censés se retrouver ceux qui étaient « encore plus » initiés que les Initiés, des personnages mystérieux mêlés à d’autres bien connus avec en toile de fond l’histoire politique argentine. De fil en aiguille, notre journaliste dont nous ne verrons jamais le visage, découvre que derrière ces plans d’édification de palais et de maisons ostentatoires, se cache un projet politique beaucoup plus sombre et ambitieux que, bien entendu, nous n’allons pas vous dévoiler ici.

Luis Bernárdez mélange habilement tous les ingrédients classiques de la thèse du complot : des jeux de pistes obscurs à travers des cartes postales truffées de symboles et de non-dits que décryptera, non sans effort, notre intrépide Adèle Blanc-Sec*, des éléments véridiques et troublants mêlés à des suppositions sans preuves, parfois farfelues, souvent nimbées de mystères et de projets conspirationnistes, des interviews, bien réelles celles-ci, de sociologues, d’historiens et d’architectes donnant une assise véridique à la trame qui se déroule sous nos yeux et des questions sans réponses que l’on tente souvent sans succès de raccorder les unes aux autres. Bref, tout y est et on se prend au jeu.

Luis Bernárdez met également le doigt sur cette propension humaine caractérisée par une attirance vers l’ombre plutôt que vers la lumière. Un clin d’œil à notre époque moderne, où les informations circulent dans le monde à la vitesse de la lumière, relayées par internet, les réseaux sociaux voire même des personnalités politiques dépourvues de scrupules, où les thèses conspirationnistes font florès et ne font que brouiller notre vision du monde ?

Jérôme Guillot

Pour en savoir plus sur le film :

https://www.loscorroboradores.com.ar/

Où voir le film à Buenos Aires : tous les samedis du mois de septembre, à 18h, au “Centro Cultural Caras y Caretas”, Venezuela 370, CABA

 

* Adèle Blanc-Sec : personnage d’une série de bandes dessinées “Les aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec”, créé par Jacques Tardi (1976).

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