L’auteure donnait récemment une conférence à Buenos Aires dans la librairie “Dain Usina Cultural” pour présenter son best-seller “La Tresse”.

Laetitia Colombani est française, elle est scénariste de cinéma, actrice mais aussi auteure. Elle publie “La Tresse” en 2017, un livre qui deviendra rapidement un succès en France et un best-seller international dans la foulée. Sur la quatrième de couverture on peut lire “Trois femmes, trois vies, trois continents. Une même soif de liberté.” une phrase qui résume parfaitement cette oeuvre poétique et inspirante. Ce livre, c’est donc l’histoire de trois femmes fortes mais marquées par la vie et ses épreuves, qui tentent à leur façon d’avancer dans des sociétés qui ne leur laissent pas de place. Ainsi, on retrouve tour à tour Smita et sa fille Lalita, indiennes nées intouchables, Julia, jeune sicilienne qui se retrouve malgré elle à la tête de l’entreprise familiale et Sarah, avocate de renom dont le quotidien bascule suite à une grave maladie. 

Au cours de sa conférence, l’auteure revient sur les raisons qui l’ont poussées à écrire cet ouvrage, mais aussi sur ses inspirations, ses doutes et ses projets. C’est après un voyage en Inde et un intérêt pour le système des castes hindouistes que Laetitia Colombani s’est lancée dans l’écriture de ces destins croisés. Bien qu’à des années lumière de son quotidien de femme européenne, elle s’est immédiatement sentie liée à Smita, liée par la maternité et l’amour qu’elle porte à sa fille. A travers le personnage de cette mère Intouchable et de son intrépide fille, Lalita, le lecteur découvre un pays ambivalent, l’Inde. Un pays plein de ressources et de paysages merveilleux mais également d’une extrême violence qui s’exprime notamment par le fameux système de castes, dont souffre les deux héroïnes. C’est tout cela qu’elle a voulu transmettre via le personnage de Smita, tous les espoirs, les peurs et doutes d’une femme condamnée à vivre comme une Intouchable, mais qui tente par ailleurs de sauver sa fille d’un destin peu souhaitable. L’écrivaine explique notamment que le caractère de la petite fille est directement inspirée de celui de sa propre fille. 

Elle s’est également exprimée au sujet des deux autres protagonistes, Julia et Sarah, deux femmes aux existences encore diamétralement opposées et pourtant liées par la force des choses et du destin. Julia est une jeune femme sicilienne vivant à Palerme et dont la famille possède un des seuls ateliers de fabrication artisanale de perruques. A la suite d’un tragique accident Julia récupère les rênes de la production et prend par ailleurs en main sa vie et son destin. Elle rencontre notamment Kamal, un jeune immigré indien sikh qui lui ouvre la porte sur une autre culture, sur une bienveillance et une ouverture d’esprit inédites. L’auteure nous explique qu’elle a voulu traduire l’évolution et les bouleversements de la vie de la jeune femme à travers cette épreuve et cette rencontre. 

Quant à Sarah, l’avocate canadienne qui tente de ne laisser transparaître aucune émotion, ni à propos de sa vie de famille, ni de sa maladie, l’auteure nous révèle s’être inspirée de son propre entourage et de sa propre carrière. Elle pointe, à travers ce personnage, les inégalités salariales, la thématique de la charge mentale et de la double journée de travail qui s’imposent à de nombreuses femmes mais également la thématique du plafond de verre.

En somme il s’agit là d’un petit livre qui fait réfléchir sur de nombreux sujets d’actualité, de nombreux sujets sociétaux et qui pousse le lecteur à aller au delà des fortes personnalités des trois protagonistes. En fin de rencontre, l’auteure annonce avoir publié une version roman-graphique de l’histoire de Smita et Lalita, s’adressant aux jeunes enfants. De plus, elle travaille actuellement à l’adaptation cinématographique de son ouvrage, tout en assurant la promotion de son dernier livre, “Les Victorieuses” (2019).

“La Tresse”, éd. Grasset, traduit en espagnol “La Trenza”, éd. Salamandra

Elhia Pascal-Heilmann