Des livres pour oublier le confinement en découvrant le XVIIIème siècle de Louis XV et Versailles : car c’est en effet Versailles le personnage central de trois des livres de Chantal Thomas, universitaire, romancière, directrice de recherche au C.N.R.S.

Chantal Thomas a reçu en 2014 le Grand Prix de la Société des gens de lettres pour l’ensemble de son œuvre et le prix Roger-Caillois de la littérature française. En 2002, le prix Fémina avait récompensé « Les Adieux à la Reine » (Adios, mi reina). Dans une Vienne ruinée et humiliée par les victoires de Napoléon, Agathe-Sidonie, lectrice de Marie- Antoinette se souvient… du faste de la Cour, des jours à Versailles qu’elle a quitté le 16 juillet, de Marie-Antoinette qui disait « Je porte malheur à tous ceux que j’aime ». De ce livre, Benoît Jacquot a écrit et réalisé un film, disponible sur Netflix.

« Le testament d’Olympe » (El Legado de Olympe) évoque les destins contrastés de deux sœurs tout en nous montrant ce XVIIIème siècle extrêmement religieux d’une part et libertin de l’autre. Comme le titre l’indique, c’est l’histoire d’une jeune fille qui a cru gagner et échoue et c’est dans un couvent que la plus jeune, Apolline reçoit le journal de sa sœur rebelle et mourante : mémoire de sa terrible existence malgré sa beauté et sa voix. Fable de l’ambition, fable sur l’enfance, sur l’innocence et les émotions de ces toutes jeunes filles (13, 14 ans, petites maîtresses du roi).

C’est encore le jeune âge des protagonistes qui nous interpelle dans « L’échange des princesses » (Cambio de reinas) En 1721, Louis XV âgé de onze ans est marié à l’infante Maria Anna Victoria âgée de 4 ans et le prince des Asturies, Don Luis, 14 ans, avec une fille du Régent Philippe d’Orléans : Louise-Élisabeth, 12 ans, pour consolider la fin des hostilités entre les deux pays. Un film, en 2017,  réalisé par Marc Dugain est l’adaptation du roman homonyme sur un scénario de Chantal Thomas et Marc Dugain.

Comment Chantal Thomas réussit-elle à redonner vie à une époque ? Son secret : une fiction soutenue par une très grande érudition, un jeu entre imagination et vérité appuyée sur de très nombreux documents. Un intérêt pour la joie et la souffrance de ces jeunes personnages manipulés par des adultes. Sans oublier, d’un livre à l’autre : Versailles. Un Versailles déshabité dans « Les Adieux à la reine », un Versailles inaccessible à cause de Madame de Pompadour dans « Le testament d’Olympe » et un Versailles impossible dans « L’échange des princesses ».

On ne peut refermer ces trois livres sans songer aux sculptures de Jean-Michel Othoniel « Les belles danses » pour le Bosquet du Théâtre d’Eau de Versailles. L’œuvre de Jean-Michel Othoniel a été présentée à Buenos Aires, au CCK, en 2019.

Elisabeth Devriendt

Photo : Portrait de l’écrivain Chantal Thomas le 14 juin 2013 à Paris. © Getty / Ulf Andersen / Contributeur