Visite à Emmaüs de Burzaco

Par deux fois et à plus de 20 ans d’intervalle, Trait-d’Union s’est rendu chez les chiffonniers d’Emmaüs à Burzaco.

Une visite instructive et combien éloquente de tout ce qu’il y a à faire dans un grand Buenos Aires frappé par la pauvreté, la drogue, le chômage.

Notre premier contact en 2002 fut juste au sortir de la grande crise économique, politique et sociale de 2001.

Aujourd’hui c’est au cours d’une crise couvée, que nous reprenons contact, en compagnie du consul Patrick Richard et de représentantes de l’association Marianne pour constater malheureusement que les besoins continuent de rester bien supérieurs aux moyens obtenus.

Mais revenons sur l’origine de ce mouvement…

C’est au sortir de la 2de guerre mondiale que l’abbé Pierre, résistant de la première heure et député national fonde en 1949, en France, Emmaüs, organisation laïque de lutte contre toutes les exclusions. La “Compagnie des chiffonniers d’Emmaüs” se finance par la vente de matériaux et d’objets de récupération, de vêtements usagés ; on construit même des logements. Emmaüs international est créée en 1971 et compte aujourd’hui plus de 410 associations dans 41 pays, dans le monde. Une active communauté Emmaüs s’installe en Argentine, dont celle de Burzaco, et applique les préceptes fondateurs du mouvement de lutte contre toutes les formes d’injustice.

Dans un quartier, à première vue paisible, mais moins tranquille et innocent qu’il n’en paraît, Emmaüs possède plusieurs grands terrains et bâtiments : d’une part “La casa del niño”, l’école qui accueille aujourd’hui 450 enfants de maternelle jusqu’au secondaire. L’école s’est agrandie par rapport à notre première visite. Plus de 50% d’élèves (elle en comptait 300 en 2002 !). Les enfants encadrés par des professeures d’école, rémunérées par le gouvernement de la province de Buenos Aires, ont chaque niveau sa salle de classe.

Les élèves déjeunent sur place, ceux qui assistent en classe le matin comme ceux qui viennent l’après-midi. Signe de la précarité des moyens économiques des familles, ceux du matin restent souvent jusqu’à la fin de la journée scolaire. Des murs sympathiques à regarder, des dessins, des couleurs, des classes également très colorées, aucun luxe, tout le contraire. L’alma mater de cet ensemble, une femme, Maria Cristina de Urquiza, se déplace avec sourires et fermeté dans ce petit monde, préoccupée toutefois, se sachant seule, de ce qui pourrait arriver si elle ne pouvait continuer à venir.

Une grande cour de récréations et une salle de musique assez rudimentaire complètent les installations. Nous avons été invités à partager le déjeuner des enfants : un plaisir de les voir se tenir à table du plus jeune au plus âgé, une tenue exemplaire ! Était-ce notre présence qui les intimidait ? La directrice nous a assuré que non : elle s’efforce ainsi que le reste du personnel à ce que tous ces jeunes, qui chez eux ont rarement la possibilité de s’asseoir à une table pour avaler un frugale repas, comprennent ce que peut être ce moment de partage, de camaraderie. On en profite pour enseigner les “principes” de base d’une bonne tenue à table.

De la casa del niño, nous passons aux entrepôts, un hangar tout neuf récemment offert par Emmaüs France où sont entreposés les dons recueillis par le camion qui va chercher à la demande des particuliers appareils, instruments de toute sorte, en bon ou mauvais état de fonctionnement … Dans cette partie il y avait, il y a 20 ans, 22 compagnons, il n’en reste plus que quatre, avec des handicaps physiques divers. Les responsables du bric à brac et de la “trapería” sont des personnels rémunérés par la compagnie. Du côté des ustensiles et des objets de récupération, pas de transformation, les objets se vendent en l’état à des fouineurs qui viennent chercher la pièce qui leur manque pour remettre à neuf tel ou tel appareil.

Du côté de “la trapería”, c’est une autre situation, la responsable nous fait part de ses soucis : la “marchandise”, vêtements, accessoires, souliers d’occasion, venaient dans des conteneurs de France ou d’ailleurs et attiraient une clientèle “sélecte”.   Depuis la mise en place par le gouvernement argentin de restrictions à l’importation, le flux d’arrivée d’objets importés s’est tari…plus de marchandises convoitées à offrir, plus de clientes avides de “bonnes affaires” !  Sans oublier l’explosion des magasins de seconde main qui viennent en plus faire de l’ombre à l’action d’EMMAÜS qui, continue à vivre en partie des dons de particuliers.

Nous décelons de-ci de-là des portes vers l’extérieur murées, des vitres cassées, des murs noircis par le feu ; tous accidents causés par le vandalisme du voisinage.

Puis la visite s’étend aux ateliers, car le soir fonctionne une école pour l’enseignement des métiers du bâtiment, avec diplômes officiels à l’appui – électricité, gaz, plomberie- ouverte aux jeunes de plus de 16 ans et aux adultes. Ateliers parfaitement nets et correctement entretenus, mais équipés de machines et d’outils qui dans un autre environnement seraient classés comme obsolètes. Et pourtant, la volonté de moderniser existe comme en fait preuve le réservoir d’eau, chauffée par panneaux solaires.

Le groupe de visiteurs est invité avant de se retirer à un concert de chants, accompagné par des guitares, suivi de magnifiques effets de percussion interprétés par les élèves de tous les niveaux, radieux de jouer sur leurs instruments, sous l’active direction du professeur de musique, aussi dynamique que ses apprentis-musiciens.

 

 

Nous retirons de cette visite une sensation de grande impuissance face au déphasage des besoins d’un côté et des moyens obtenus pour les satisfaire.de l’autre. Les énormes efforts de quelques bénévoles et d’un personnel dévoué trouvent peu d’écho pour couvrir les énormes besoins économiques et en matériel : rien à espérer du côté officiel et un net ralentissement du “négoce des chiffons et des objets récupérés” inventé par l’Abbé Pierre dans les années 50.

 

Aujourd’hui, Emmaüs se trouve face à un mur qu’elle peine à sauter : la culture du don laissant désormais place à la culture de la revente, l’association a de ce fait perdu une grande partie de ses entrées.

Et tout ceci dans un voisinage passif, plus habitué à recevoir qu’à donner ou collaborer.

Cette visite est l’occasion pour nous de lancer un appel aux dons pour soutenir cette institution dont le remarquable travail dans un environnement particulièrement défavorisé relève du tour de force.

L’équipe du Trait-d’Union

Crédit Photos : Camille Debaud

 


Les besoins pressants de matériel sont :

  • Musical : toute sorte d’instruments, plus particulièrement guitares, grosses caisse, tambours, tambourins…
  • Matériel sportif, plus particulièrement de softball : battes, gants, balles, masques…

Précisons à ce sujet l’intelligente décision de créer, à la Casa del niño, des équipes de softball (sport peu pratiqué dans le pays) ce qui permet à des équipes très moyennes de participer à des compétitions départementales et nationales.

  • Pneus pour le camion
  • Par ailleurs, dons des particuliers à l’institution :

Pour vous débarrasser de toutes sortes d’objets, appareils hors d’usage, ou en bon état de fonctionnement, vêtements, chaussures, etc., il suffit d’appeler. Le camion, sur rendez-vous, viendra retirer chez vous, ce dont vous n’avez plus usage.

Donaciones : 15/6447 3381 (Daisy)- 15/5492 9433 (Raúl)

Casa del Niño : 15/6572 5079

Institucional : 15/5920 8890

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IG @emausburzaco

 


 

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