De l’école de danse de Quilmes à l’Opéra de Paris. Ou le «grand jeté» d’un danseur en herbe

Leonel Galeppi Lopez a 11 ans, on le surnomme León. Sa vocation pour la danse classique s’éveilla, très, très tôt…

Dès l’âge de 5 ans, il s’amusait à imiter les pas de la protagoniste du film d’animation franco-canadien “Ballerina” qu’il regardait “en boucle”.

Ses parents confrontés à l’enthousiasme de leur petit garçon eurent l’idée “pour l’encourager à faire de l’exercice” de l’inscrire dans un cours de ballet près de chez eux à Quilmes. Les sœurs Teresa et Ariadna Costantini y enseignaient le “b.a.ba” du ballet classique à des enfants dès l’âge de 6 ans.

C’est notre mère, il y a 50 ans qui a ouvert cette école de ballet et après avoir fini nos études à l’École Supérieure d’Art du Théâtre Colón, ma sœur Teresa et moi, nous avons continué. Nous avons intégré le ballet du Colón, puis le ballet de Liliana Belfiore et celui d’Iñaki Urlezaga. Depuis quelques années déjà, nous nous consacrons entièrement à l’enseignement dans notre école où nous avons également créé une mini-compagnie de danse classique : le “Ballet Juvenil de Quilmes”. J’ai étudié aussi à l’Alliance Française et je suis devenue professeure de français” nous raconte Ariadna Costantini.

C’est grâce à ce lien avec la France qu’Ariadna a poussé son élève étoile à rêver de conquérir Paris.

_“Nombreux sont nos élèves admis à l’école du Colón pour poursuivre leur formation mais León est différent, il a commencé à 6 ans avec ma sœur Teresa et je l’ai eu deux ans plus tard. Je travaille avec lui depuis qu’il a l’âge de 8 ans. Il a d’abord intégré les classes en groupe mais quand j’ai vu ses conditions exceptionnelles, j’ai demandé à ses parents s’ils étaient prêts à ce que León puisse suivre une formation spéciale, pour rejoindre l’Opéra de Paris, car son style, sa façon de travailler me transportaient. Il représentait pour moi l’image de l’Opéra. J’ai donc commencé par lui donner des cours de ballet et de français, tout d’abord en lui enseignant le vocabulaire de la danse, car partout dans le monde la terminologie propre à la danse est en français, puis petit à petit nous avons incorporé la grammaire de la langue et un répertoire de variations classiques pour danser.”

TdU : Qu’est- ce qui est spécial chez lui ?

_“ Depuis toujours, León a démontré non seulement de bonnes conditions physiques pour le ballet, mais également une grande concentration : il ne batifole pas comme les enfants de son âge. Travailler avec lui, c’est comme travailler avec un adulte, un professionnel, quelqu’un qui sait ce qu’il veut accomplir et ne se laisse pas distraire. Il pratique, il visualise les sauts en regardant des vidéos, il est très mûr malgré son jeune âge. C’est pour cela que je l’ai toujours vu avec le maillot gris de l’Opéra de Paris. Ses parents l’accompagnent depuis toujours, nous avons formé une équipe pour soutenir León. Ils ont été particulièrement surpris lorsqu’ils ont reçu le mail d’admission pour un stage à Paris”

En effet l’année dernière, encouragés par Ariadna, bien qu’un peu sceptiques, ils ont envoyé une vidéo et les références pour l’admission de León au cours d’été de l’Opéra de Paris, un programme de deux semaines auquel se présente un millier, environ, de garçons et de filles du monde entier. En 2023, ne furent admis que 271 jeunes. Il y a toujours 2 places pour l’Amérique latine, seul Léon a été retenu.

“Ses parents ne s’y attendaient pas… Mais moi, j’étais tellement sûre ! Pour tout son travail, sa discipline, ses conditions … Il résume en sa personne ce qu’un grand danseur doit être ! Ses parents, malgré leur ignorance du monde de la danse et ne possédant pas de grandes ressources économiques, ont compris qu’ils devaient soutenir leur enfant et ne ménager aucun effort ! León doit aller en France parce que Elisabeth Platel, la directrice artistique de l’Opéra de Paris veut absolument, après l’avoir vu danser, le compter parmi ses élèves.  

Durant le stage d’été à Paris, León a voyagé accompagné par Ariadna et toute sa famille : son papa Leonel, psychologue, sa maman Linda, professeure de musique et sa petite sœur Amy de 7 ans.

Créé en 2013, ce cours d’été permet aux jeunes de 10 à 19 ans du monde entier de se rencontrer et de partager pendant 2 semaines les cours avec les professeurs de l’OP.

León a pu se retrouver côte à côte au cours de ce stage avec des élèves de 33 pays différents. Il était le seul latino-américain on l’appelait “l’Argentin”. León pourrait intégrer l’école, qui n’est gratuite la première année que pour les Européens – mais le coût est hors de portée de tout budget familial argentin. Les parents de León sont prêts à faire tous les sacrifices pour donner à leur fils l’opportunité d’entreprendre une grande carrière et feraient tout ce qui est en leur pouvoir pour lui permettre d’intégrer la plus ancienne école de ballet du monde ! Malheureusement le temps presse, car l’examen d’admission est jusqu’à 12 ans, León a déjà onze ans !

Pendant ce temps, notre jeune danseur continue d’aller à l’école et de jouer avec ses copains de Quilmes qui ne l’ont jamais vu danser !

Cette “histoire vraie” est une opportunité pour tous les amis des arts de devenir des mécènes en soutenant cette famille et donner l’élan nécessaire à ce très jeune garçon de devenir un grand artiste.

Contact : ariadnacostantini@gmail.com

 

Patricia Pellegrini

 

NB : Le ballet de l’Opéra National de Paris est l’une des compagnies de danse classique les plus prestigieuses et anciennes du monde occidental et le berceau de la danse classique académique mondiale.
En 1661, Louis XIV crée l’académie royale de danse, puis en 1669 et à la demande de Jean-Baptiste Colbert, le corps de ballet est intégré à l’académie royale de musique.
Actuellement le ballet fait partie de l’Opéra national de Paris et compte 154 danseurs. Il donne environ 180 représentations par saison.
La plupart des danseurs viennent de l’école de danse, considérée comme l’une des meilleures au monde. C’est ainsi que le ballet de l’Opéra National de Paris a sa propre pépinière et recrute très peu à l’extérieur, ce qui est l’essence de l’unité de style de la danse française.

 


 

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