Présentation du livre «Resiliencia»

Trait-d’Union invite à la présentation du livre Resiliencia, un recueil de témoignages poignants recueillis auprès de victimes du coup d’état militaire du 24 mars 1976, par Jérôme Guillot et une petite équipe de collaborateurs.

La présentation aura lieu en présence de l’auteur dans la librairie et maison d’édition Notanpüan, à San Isidro, vendredi 3 décembre à 18h30.

Jérôme a aimablement répondu aux questions que lui a posées Trait-d’Union.

– Quel est le sujet de votre livre ?

« Resiliencia » compile des témoignages de Français et d’Argentins directement liés à la dernière dictature en Argentine. Il peut s’agir de situations vécues en Argentine, en France mais aussi dans d’autres pays d’Amérique latine, aussi bien pendant les années de plomb qu’après le retour de la démocratie.

Comment vous est venue l’idée d’écrire sur ce sujet ?

Cette idée m’est venue lors d’un voyage au Chili. C’était en 2013. Là, j’ai rencontré un ami français qui m’a offert un livre qu’il venait de terminer. Il s’agissait d’un recueil de récits relatant la journée du 11 septembre 1973, date du coup d’Etat militaire au Chili qui aboutira à la chute du gouvernement Allende. Mon ami avait créé cet ouvrage pour commémorer les quarante ans de ce triste anniversaire. C’est à partir de ce moment que je me suis dit : et pourquoi ne pas faire la même chose pour l’Argentine en sortant un livre en 2016 ? Bon. Au total, l’élaboration de cet ouvrage m’aura pris cinq années de plus…

Quelles méthodologies avez-vous utilisées ?

Avec la petite équipe que nous avions formée, nous sommes partis à la recherche de témoins. Il y a eu d’abord les amis et puis peu à peu, le cercle d’intervenants potentiels s’est élargi. Rien ne fut facile : Il fallait parler, expliquer notre but, donner des gages, vaincre les hésitations, les atermoiements, les craintes. J’ai parfois essuyé des refus. Ensuite, nous avons laissé aux témoins le mode d’expression leur paraissant le moins difficile pour eux. Pour la grande majorité d’entre eux, nous avons réalisé des enregistrements audios ou vidéos. De par sa spontanéité, l’oral est bien plus aisé que l’écrit pour laisser libre cours à ce qui paraissait important aux yeux des témoins. A aucun moment, nous n’avons cherché à diriger l’interview par des questions précises. Le but n’était pas de faire du sensationnalisme et je pense que le livre évite cet écueil. Les témoins parlaient, nous enregistrions et écoutions posant peu de questions. Il y eut quelques moments poignants où les souvenirs qui ressortaient pouvaient être très douloureux. Ces moments partagés, je ne les oublierai jamais.

Un jour, j’ai eu la chance de recevoir, par un des témoins, une série de témoignages qui avait été faite au début des années 2000 traitant exactement du même sujet et qui, chance incroyable, était encore à l’état brut c’est-à-dire que le matériel n’avait pas encore été exploité. Nous avons donc pu les récupérer et les joindre à notre travail.

Il a fallu ensuite transcrire les témoignages oraux à l’écrit. Ce fut sans doute le travail le plus long d’autant que le langage écrit impose d’autres règles. Des modifications étaient donc nécessaires mais sans dénaturer la pensée de l’auteur. Enfin, une fois cela terminé, nous renvoyions le produit fini aux protagonistes afin qu’ils valident leur témoignage. Ce qui nous a valu de nombreux échanges et de nombreuses corrections.

En même temps, nous avons effectué un travail de recherche qui permettait de confirmer (ou infirmer parfois) les faits relatés par les témoins. Cela nous a permis de retrouver des documents iconographiques, des sources, des références, des lettres qui accompagnent les récits des protagonistes.

Autre élément important : il n’y a pas de célébrité dans ce livre. Certes, certains ont joué un rôle plus important que d’autres mais ce sont des gens comme vous et moi qui ont dû traverser cette terrible période et qui a modifié leur vie à jamais. Leur donner un espace fut un des objectifs fondamentaux de ce livre.

L’ouvrage est organisé en thématiques. Elles sont au nombre de sept : le vécu quotidien pendant la dictature, les persécutions de la part des militaires, l’exil, la dénonciation du régime, le retour des exilés après la chute du régime, les traces, indélébiles, laissées par cette période. Il y a aussi un chapitre s’intéressant à trois évènements historiques majeurs à cette époque : le conflit avec le Chili et, surtout, la Coupe du monde de football en 1978 et la guerre des Malouines.

Un livre n’a en principe d’intérêt que s’il arrive aux mains des lecteurs. Quelle est la promotion qui sera faite ? Ou sera-t-il distribué ?

Nous allons présenter le livre à San Isidro ce vendredi 3 décembre à 18 :30 à la librairie Notanpüan qui est aussi la maison d’édition de l’ouvrage. Il est possible de se le procurer dans les principales librairies de la capitale. Nous projetons d’autres présentations du livre à Córdoba et à Mar del Plata. Nous sommes aussi en contact avec l’Institut français et, bien sûr, l’ambassade de France.

En quelle langue est-il écrit ?

Les témoins choisissaient la langue dans laquelle ils étaient le plus à l’aise pour s’exprimer. Nous pensions au début faire un livre bilingue mais la taille du livre aurait été démesurée. Aussi, comme ce livre est édité ici, nous avons choisi logiquement l’espagnol ce qui nous a obligé à traduire certains témoignages.

Avez-vous l’intention de le traduire en français et de le vendre en France ?

En fait, les témoignages en français sont déjà prêts. Maintenant, il faut voir s’il y aura suffisamment d’intérêt en France pour en faire une édition. Nous sommes actuellement en contact avec l’ambassade d’Argentine en France. C’est un autre défi.

Présentation : Vendredi 3 décembre à 18h30, Librería Notanpüan, Chababuco 459, San Isidro (Prov. de Buenos Aires).

Nota : Jérôme Guillot, ex-enseignant au Collège Français de Martinez, est l’un des conseillers consulaires élus cette année. Il fait partie de l’équipe de Trait-d’Union.  

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